El tema central de este Blog es LA FILOSOFÍA DE LA CABAÑA y/o EL REGRESO A LA NATURALEZA o sobre la construcción de un "paradiso perduto" y encontrar un lugar en él. La experiencia de la quietud silenciosa en la contemplación y la conexión entre el corazón y la tierra. La cabaña como objeto y método de pensamiento. Una cabaña para aprender a vivir de nuevo, y como ejemplo de que otras maneras de vivir son posibles sobre la tierra.

miércoles, 28 de noviembre de 2012

El silencio de la noche en la cabaña de Ferdynand Ossendowski




Scène de chasse en blanc


Une demi-heure après, leur thé ingurgité, mes trois visiteurs prenaient congés. Je m’activai dehors à casser du bois pour le feu. Soudain, venant du bois, des coups de fusil retentirent dans le lointain ; un d’abord, puis un autre. Des coqs de bruyère s’envolèrent, effrayés par le bruit. Au sommet d’un pin, un geai fit entendre sa plainte. Ensuite, tout redevint calme. J’écoutai longuement pour voir si personne n’approchait, mais rien ne vint plus briser le silence.
contrast study 3
Sur le bas Ienisseï, la nuit tombe de très bonne heure. Rentré à l’intérieur de la cabane, je fis du feu dans le poêle et commençai à faire cuire ma soupe, sans cesser de guetter le moindre bruit venant du dehors. Je sentais, invisible, impalpable, la présence de la mort qui rôdait autour de moi, prête à tout moment à se découvrir sous un aspect imprévisible : l’homme, la bête, le froid, l’accident, la maladie… Face à elle j’étais seul, n’ayant pour seul recours que la vigueur de mes bras et de mes jambes, la précision de mon tir, la vivacité de mon esprit, et la Providence divine ! Plongé dans ces sombres réflexions, je ne m’aperçus pas du retour de l’étranger. Comme la veille, il apparut tout à coup sur le seuil. A travers la buée, je distinguai d’abord les yeux rieurs qui se détachaient sur le fin visage. Il entra dans la cabane et, avec un grand bruit, déposa dans un coin trois fusils.
- Deux chevaux, trois fusils, deux selles, deux boîtes de biscuits, un demi-paquet de thé, un sachet de sel, cinquante cartouches, deux paires de bottes, énuméra-t-il en riant. Bonne chasse aujourd’hui.
Ferdynand Ossendowski, Bêtes, hommes et dieux
A travers la Mongolie interdite, 1920-1921
Editions Phebus Libretto

http://theswedishparrot.com/tag/nat
Bestias, Hombres y Dioses de Ferdinand Ossendowski

AñaTestimonio de Ferdinand Ossendowski (1876- 1944) sobre su huída de Siberia en los años 1920-1921 y el posterior itinerario que cumplió a través de Mongolia, Tibet y China.

martes, 27 de noviembre de 2012

Vivir en una cabaña y bailar con lobos en Rusia


Laetitia Becker

"... C’est un combat solitaire et difficile que mène Laetitia. Elle ne sait pas encore si les loups pourront être relâchés mais affirme avec certitude : « mon avenir est en Russie, je travaillerai toujours avec les loups». 



“BAILANDO CON LOBOS EN RUSIA” 
M.A. Lobo Astur


Laetitia Becker joven francesa de 26 años estudia la forma de devolver los lobeznos a su vida salvaje a los bosques rusos.
De pequeña soñaba con vivir rodeada de animales, desde el año 2005 su sueño se ha hecho realidad. Vive en una cabaña en el Noreste de Rusia a 500 km de Moscú, en una aldea de cinco casas a cincuenta kilómetros del pueblo más cercano. Un lugar casi abandonado cerca del bosque. Aunque tiene electricidad, no dispone de agua corriente, ni teléfono ni cobertura para teléfonos móviles, ni calefacción central ni tiendas. Tan solo unos pocos vecinos y los lobos. Dispone de una estufa de leña para calentarse cuando las temperaturas en invierno bajan por debajo los 20º.
Asegura no tener miedo, los lobos la consideran como su madre y el jefe de la manada.
Laeticia participa en un programa de rehabilitación: recupera los lobos sacados de zoológicos o atrapados por cazadores para luego devolverlos la vida salvaje. Porque en Rusia se ofrece todavía una prima de dinero a quien coja una de esas “bestias” consideradas como perjudiciales. La prima es de 1500 rublos por animal (más o menos 40 euros) o sea un mes de salario.
Laetitia prepara de esta manera su tesis doctoral. Aunque este no es su objetivo final, su ambición es escribir un informe sobre los métodos de crianza y rehabilitación de los lobos en la naturaleza.
Lleva una vida sencilla que le gusta. Le gusta la naturaleza. Vive con pasión día a día siendo consciente del valor de cada instante.
Cuando termine su tesis en 2011 tiene pensado seguir con su labor, quizás se desplace un poco más al Este del país.



Laetitia Becker, biologiste, fondatrice de l'association "Lupus laetus".
Depuis trois ans, Laetitia Becker vit seule avec des loups dans la taïga russe, à 500 kilomètres de Moscou.









http://lupuslaetus.org/
http://www.citedesfemmes.com/archives/laetitiabecker.html
http://loboasturphoto.blogspot.com.es/2009/05/laetitia-becker.html



domingo, 25 de noviembre de 2012

Metafísica del tiempo. Metafísica de la cabaña





«L’homme libre possède le temps. L’homme qui maîtrise l’espace est simplement puissant. En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps blessé. Dans la cabane, le temps se calme. Il se couche à vos pieds en vieux chien gentil et, soudain, on ne sait même plus qu’il est là. Je suis libre parce que mes jours le sont ».


Sylvain Tesson : Dans les forêts de Sibérie. Gallimard 2011.



Día de nieve en el Molino de Damaniu



jueves, 22 de noviembre de 2012

Cabaña, arquitectura y poesía



La cabane, figure géopoétique
de l’architecture
Jean-Paul Loubes*
Beaucoup de gens dans ce monde habitent des maisons
de briques et peuvent ignorer le monde extérieur. Mais
mon esprit demeure sous les arbres, à ciel ouvert, reçoit
directement les messages que lui apporte le vent, et, du
fond de son être, répond à toutes les cadences musicales
de la lumière et de l’ombre.
Rabindranath Tagore. La maison
et le monde.

* École d’Architecture de Bordeaux, Domaine de Raba, 33400 Talence



Tout architecte qui s’est engagé sur les chemins de la géopoétique, la poésie de la terre, est conduit un jour ou l’autre à s’interroger sur la relation que l’architecture entretient avec le dehors, avec le monde, ses manifestations et ses respirations. Il rencontre alors dans un premier temps une difficulté à formuler la bonne question.
Doit-on se demander, par exemple :
- Qu’est-ce qu’une architecture géopoétique ?
Ou bien trouver plus pertinente la formulation suivante :
- Qu’est-ce qu’une approche géopoétique de l’architecture ?

De nombreux courants qui traversent la pensée contemporaine viennent perturber un tel questionnement au risque de lui apporter quelques réponses sommaires et au goût du jour. On peut entrer dans un tel débat de plusieurs manières.

Prenons comme exemple le courant écologique : qu’est-ce qu’une architecture écologique ? Une architecture écologique est-elle géopoé- tique parce qu’elle témoigne d’une compréhension des phénomènes extérieurs, d’une prise en compte de quelques interactions simples entre la maison et le dehors, interactions que toutes les architectures populaires connaissaient mais que l’architecture contemporaine avait pu oublier ? (on inventa l’autonomie de l’architecture).

Par ailleurs, si la critique architecturale a essentiellement regardé l’architecture du point de vue de ses créateurs, des théories dont ils se réclamaient, replaçant chaque œuvre étudiée dans l’histoire des objets architecturaux ou dans l’histoire de leurs auteurs, elle a peu opéré en observant, décrivant, analysant les relations de l’objet architectural avec le Monde. Et ce ne sont pas ici les considérations sur l’intégration aux paysages, la protection des sites, qui épuisent cette dimension. Elles la confineraient même au seul débat esthétique (esthétique du paysage, paysagisme) qui ne permet pas véritablement d’aborder la dimension géopoétique de l’architecture.

Il nous semble que la cabane constitue une figure privilégiée pour une telle exploration.

Les dictionnaires nous disent seulement que le mot cabane veut dire “petite maison” dans ses origines latines puis italiennes et proven-çales. C’est une assez maigre moisson de renseignements, assez dense cependant pour contenir tout un programme : celui de la maison.

L’approche géopoétique de Kenneth White cherche à atteindre “une façon dense d’être au monde”(1). C’est là le projet géopoétique dont il dit un peu plus loin : “Nul  imaginaire là-dedans, mais un sens de la magnitude du monde et une perception fine des choses”. Certes, pour l’enfant, l’imaginaire peuple l’entreprise qu’est la construction d’une cabane. Mais la cabane est un pont entre cet imaginaire, ce moi, et la magnitude du monde. Construire une cabane, en avoir le désir, puis le projet, enfin l’accomplir, suppose aussi une perception fine des choses. C’est une situation géopoétique et c’est à ce titre que nous nous y intéresserons.

La cabane, parce qu’elle est la première confrontation de l’enfant avec l’art d’édifier, n’est pas un acte ordinaire. Il est même unique parce qu’en général il ne se reproduira plus la vie durant. Dans nos sociétés le pouvoir de construire sera délégué à d’autres et nous verrons que là réside, en grande partie, une perte. C’est la perte de la poésie dont parle Heidegger, cette “poésie (qui est) la puissance fondamentale de l’habitation” (2)

Il est des cas où nous rencontrerons cependant des versions de la cabane dans lesquelles nous reconnaissons une liberté, une invention, une négociation avec le site qui rattachent ces constructions aux cabanes de l’enfance. Ce sont par exemple les constructions des chasseurs sur les marais, ou les palombières. L’adulte renouvelle là l’expérience de l’enfance, celle du territoire. Il doit se fondre dans un paysage, mais pas simplement au plan de l’intégration visuelle. Il doit aussi maîtriser les sons et toutes les manifestations de sa présence. Il doit avoir une perception fine des choses.

D’autres interprétations de la cabane peuvent être trouvées dans les favellas,  bidonvilles, abusivo, toutes ces architectures vernaculaires contemporaines qui constituent ce que l’on nomme maintenant le secteur informel de la construction. Notons ici que leur étude montre qu’ils sont loin d’être dépourvu de  forme.  Dans ces derniers cas, la ressource, le gisement de matériaux n’est plus la forêt et les végétaux qu’elle apporte, mais d’autres matériaux disponibles sur le site : la “forêt” de ces cabanes là, c’est la grande ville et ses rebuts. Mais le point commun à tous ces exemples de cabanes est l’absence de codes, de contraintes. La pure invention est requise, légitime, obligatoire. Les groupes évoqués ici, que ce soient les chasseurs ou bien les populations que l’urbanisation des sociétés pousse loin de leur village, sont certes dépositaires de traditions constructives mais le contexte (économique, culturel, etc.) de ces édifications est tel qu’il éclate ces traditions et les oblige à se  recomposer à chaque fois en fonction de données locales (ressources, matières disponibles, capacités personnelles des autoconstructeurs). Par là s’insinue l’invention.

Quelles sont les pistes qui s’offrent à notre exploration de l’univers des cabanes ? Pour répondre à cette interrogation (et d’un point de vue méthodologique), il faut aller voir dans plusieurs directions. Il s’agit sans doute d’un premier débroussaillage et il faut tracer plus avant dans ces directions et sans doute en ouvrir d’autres.

Les architectures populaires. 

Il y a en premier lieu la question des architectures populaires, de toutes les architectures populaires, qu’elles soient contemporaines ou traditionnelles. Leur étude ouvre un premier champ, un premier corpus d’objets disponibles.

Dans cette catégorie, considérons les cabanes de montagnes, liées aux activités des hommes. Si elles ont bien le caractère de  petites maisons, la liberté d’invention de la cabane de l’enfant a disparu. La cabane de montagne est devenue un type diront les théoriciens de l’architecture, ses caractères en sont stabilisés et codifiés par  une tradition constructive. L’empirisme, cette lente sélection des caractères qui s’avèrent utiles, n’est pas tendu vers l’invention mais vers la reproduction-adaptation du type à des situations changeantes. (d’une façon générale, on peut dire que dans les architectures populaires c’est la tradition qui tient lieu d’architecte).

Pourtant leur exploration nous intéresse car ces architectures entretiennent avec le milieu (le site, ses matériaux mêmes, ses ressources, le climat) une relation très étroite. On peut même regarder ces formes comme un réarrangement local de la mince croûte terrestre qui leur tient lieu de support (3).

La cabane est l’objet le plus simple d’accès dans lequel se rencontrent la créativité, l’expression du constructeur, et les éléments de la géographie (végétation, climats) qui vont être la matière même de l’objet, influencer sa forme, sa façon de s’adresser à un site précis. Les cabanes des Pyrénées aragonaises sont en pierre, des schistes ramassés sur le site même. Elles sont adossées à une pente de terrain afin d’avoir un palier d’accès au rez-de-chaussée et un autre au premier niveau. Elles s’ouvrent vers l’Est et offrent à l’Ouest, direction des vents froids, une façade aveugle. Les pierres des murs sont hourdées avec la terre du lieu. Le toit est couvert de lauzes posées sur un lit de terre. On peut habiter la pièce du haut, le bas étant une
réserve. Les granges de haute Ariège, du haut Béarn montrent une même imbrication à la topographie, à l’inclinaison du versant exposé au soleil. Mais ici les vents dominants n’ont pas la même direction qu’en Aragon et les granges ne s’ouvrent donc pas sur le même côté.
Topographie, direction des vents et des pluies, toutes ces données du cosmos sont lisibles dans ces architectures. De telles cabanes sont comme une prolongation de la géographie. On peut en dire autant de toute architecture vernaculaire. Pour ces constructeurs anonymes, “le cosmos est un beau poème concret” (4). La cabane a ceci de particulier qu’en elle demeure réduite la distance entre l’homme-habitant et le monde. Elle est par là même une figure géopoétique.

L’étude des architectures vernaculaires traditionnelles ou contemporaines apparaît comme un chantier à ouvrir, comme un projet dans ce champ du grand travail, pour éclairer la relation entre architecture et géopoétique. Il est largement engagé sous le nom d’ethnoarchitecture. Cette entreprise prend la forme d’une collecte, amorcée pour ce qui nous concerne, voici deux décennies (5). Il ne s’agit pas de contribuer à une collection mais de se donner les moyens (employons encore ici le mot de méthode) pour accéder à  une pensée dense de la terre, une expérience des lieux. Ce que Kenneth White fait à travers ce qu’il nomme “des livres-itinéraires ou des livres-résidences qui consistent à explorer un territoire, à vivre un lieu”, nous le faisons par la pérégrination d’architecture.

Si elles témoignent du monde qui les entoure, les constructions populaires témoignent aussi des cultures locales (niveau technique, cosmogonies, représentations et croyances) (6) et par là même des hommes qui les produisent. Si elles ne disent pas toujours l’homme individuel, c’est parce que celui-ci s’exprimait à travers la culture du groupe, ses croyances et ses règles. Ces constructions sont des objets anthropologiques, des textes (architextes) ou l’homme est inscrit autant que le lieu. Cette considération fonde cette autre piste qu’est l’approche anthropologique de l’architecture (7). 

Ces expressions les plus complètes des cultures humaines que sont les architectures (traditionnelles, populaires ou ordinaires), peuvent être regardées comme des formes pratiques du rapport au monde (8).
Rapport au monde établi par les hommes qui les édifient. Interface entre eux et le monde. Témoignages de leur génie, de leur capacité à élaborer une culture, à énoncer l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes et de leur place dans l’ordre de la création, et en même temps, interprétation de leur environnement, de leur rapport au site proche, à la terre, à la géographie.

De la cabane à l’architecture.

Dans ce tâtonnement exploratoire dont nous avons dit qu’il nous tenait lieu, dans un premier temps, de méthode, nous choisissons maintenant de nous intéresser à la cabane. Parce qu’elle est  une forme pratique du rapport au monde, une des plus simples, premières, elle constitue un objet privilégié pour explorer ce rapport du moi avec le monde, du dedans avec le dehors. Nous voici au cœur de la question de la géopoétique.

La géopoétique invite à un déplacement du propos de la poésie, à un décentrement, vers plus de sensibilité au monde, et un peu moins de sensiblerie au moi. Cette prise de distance n’est pas une fin en soi mais une voie pour une poésie plus aérée, plus résistante au discours social, “une pensée dense de la terre, une expérience des lieux” (9). Je trouve chez Kenneth White cette note qui illustre cette question du dedans et du  dehors : “...Newton ne s’intéressait qu’au monde extérieur, à l’exclusion du monde de l’homme. Par ailleurs, plus tard, Freud devait s’intéresser seulement au monde intérieur de l’homme à l’exclusion du cosmos” (10). C’est vers Newton qu’il faut faire glisser la pensée contemporaine. “...disons clairement une fois pour toutes que la poésie de la personne appartient au passé” (11).

Ces considérations sur la géopoétique peuvent se continuer par la mise au point suivante sur la prééminence du topos (région, lieu) en regard des “pauvres et fluentes situations sociales” (Bachelard dans Poétique de la rêverie, cité ici par White) : “Il ne s’agit pas là d’un thème pour les piétistes du terroir ou les nostalgiques du localisme identitaire, ni de quelques plates “poésies” (la seule qui a cours dans une civilisation sans culture), il s’agit du développement d’une pensée et d’une connaissance que notre civilisation a négligés et qui reste à
développer au-delà de l’intime…”.
Cette poésie désirée est celle qui comprendrait “...un sens de la magnitude du monde et une perception fine des choses” (12), et qui par ailleurs tenterait de sonder le rapport entre Vide et Monde sensible, ainsi que le précise White dans sa Lettre à Milarépa. Il fallait dans un premier temps préciser ces contours de la géopoétique avant d’explorer en quoi la figure de la cabane pouvait permettre d’en explorer l’un des aspects, celui qui dit “au-delà de la personne, un rapport à la terre, un monde”. (13)

Dedans dehors. Ego et monde. Un autre diptyque peut aussi aider à définir la posture de départ de notre propos : la cabane est à considérer comme une manifestation du faire, mais aussi de l’être.
Le faire, c’est la construction, la fabrication de l’objet, l’artefact. Cependant, il n’est jamais seulement le témoignage d’un niveau technique, d’une maîtrise de procédés ou de savoir-faire. L’étude des cultures matérielles conduit toujours à la connaissance des mentalités.Elle en est le soubassement. Ainsi par exemple, le propos de l’archéologie, au-delà de son premier objet, quel était l’habitat de nos ancêtres, est bien de tenter d’élucider la question : qui étaient-ils ? Henri Van Lier identifie trois composantes de l’architecture (14):
1- l’opération de construction.
2- le phénomène plastique d’englobement.
3- les fonctions d’habitation. Nous verrons avec Heidegger ce qu’il faut entendre par habiter.
Examinons ces trois termes sous l’angle de l’approche géopoétique.

La construction.

Théoricien de l’architecture au siècle des lumières, le père Marc Antoine Laugier (1713-1769) considère la cabane comme un archétype de l’architecture (15). C’est bien la placer dans la perspective de la naissance de cet… au fait, comment doit-on dire ? De cet art ? de cette pratique? de cette production des cultures humaines ? Dans la cabane, Laugier voit les prémisses de l’art du charpentier. Par là même elle pourrait être considérée comme l’un des archétypes de l’architecture. L’autre étant la caverne (on pourrait, ailleurs, développer sur l’aspect phallique de la cabane et l’aspect utérin de la caverne). Selon Laugier, l’explication rationaliste des ordres grecs trouve son origine dans l’image de la cabane. Il orne le frontispice de son Essai sur l’architecture (1753) d’une représentation d’un édifice primitif ou l’on voit se mettre en œuvre un premier arrangement de branches et troncs élagués, déjà transformés par la main de l’homme en vue d’une adaptation à d’autres fonctions mécaniques que celles que la nature leur a données. Dans ce passage de la branche à la poutre ou à la solive, du tronc au poteau, il faut voir la naissance de l’art de la charpenterie.

Parce que l’on doit anticiper l’usage futur de la pièce de bois que l’on est en train de préparer, savoir à l’avance quel rôle elle remplira dans la construction future, quelle fonction sera la sienne dans l’ouvrage à venir, nous sommes là dans la problématique du  projet diraient les architectes. Dans l’économie logique de la construction. Dans la rationalité en œuvre.

C’est ce qui se passe chez le jeune enfant qui découvre la fabrication des cabanes, la civilisation des cabanes. Si l’occupation de cet autre archétype de l’architecture qu’est la caverne procède de l’adaptation à une configuration  déjà là, de la démarche intuitive qui fait sélectionner la cavité favorable, on peut dire que pour le jeune enfant, ou le chasseur, ou le randonneur, l’édification d’une cabane est sa projection dans le monde. Une des premières pour l’enfant, la première modification d’un espace qui devient alors un lieu. Un lieu constitué. Il y a là un acte de créativité, donc un engagement de l’être. Habiter c’est être sur terre.

L’englobement 

Mais outre qu’elle est cette action première, élémentaire, de modification locale de l’environnement, l’édification d’une cabane est un enveloppement. Henri Van Lier parle d’entourement et d’englobement.
“L’espace comme englobement est un phénomène absolument fondamental du point de vue du vivant humain” (16). L’auteur poursuit : “L’englobement est la situation initiale du vivant humain. Celui-ci prend son départ dans une matrice, qui, soit par elle-même, soit par l’intermédiaire du liquide amniotique, établit un contact continu et fermé autour du fœtus. Paradis perdu, la matrice offre au désir son terme permanent”. Cette qualité enveloppante de l’espace bâti, autorise bien entendu la référence à la matrice, évoquée ici. Il faut alors parler de l’architecture comme un milieu, qui, “du sein maternel au berceau, à la chambre, à la maison, au quartier, à la ville, à la région,” permet “que le vivant continue d’exister dans un englobement sans faille” (17). Mais ce qui nous intéresse ici n’est pas tant ce volumed’air qui colle à notre peau, qui nous prolonge, qui nous continue en quelque sorte, que cette interface qu’il constitue entre nous et le monde. Entre notre substance, notre être, et le dehors.

Revenons à la cabane de Laugier. Il s’agit bien d’une construction.
Mais appartient-elle déjà au règne du construit (culture) ou procède-telle encore du règne végétal (nature)? Si nous admettons une vision de l’architecture où la cabane occupe le premier jalon d’un développement qui conduirait, en fin de processus, au temple par exemple ou à l’architecture élaborée, nous sommes bien en présence d’un acte  premier. Premier au sens des “arts premiers”, ou primitifs, avec la force que l’on reconnaît aux créations archaïques toujours chargées de puissance poétique. Ce recours à des expériences premières, consistant à manipuler des objets pris dans la nature et peu transformés, puis à les arranger en une construction qui elle est création, est l’une des voies importantes du Land Art. On pense ici aux gigantesques nids de Niels Udo, arrangements de branches tissées entre elles à la manière des oiseaux. Ou encore aux arrangements de pierres de Richard Long. Ce sont des actes élémentaires et s’ils marquent le lieu naturel où ils sont disposés, ils ne sont pas en rupture avec lui, ne le nient pas, ou ne le contredisent pas, mais en réarrangent un fragment.

La question du minimalisme est posée à travers les exemples issus du Land Art que nous venons d’évoquer. C’est parce qu’elle est minimale que l’intervention du plasticien établit un contact immédiat avec la nature, le lieu. Interface entre l’artiste et le monde, oui, mais d’une minceur telle que l’intervention elle-même, l’œuvre d’art, conserve un peu de la nature des deux ordres dont elle procède, nature et culture. C’est cette justesse, liée au minimalisme lui-même, qui nous fait retenir ce type d’intervention comme pratique géopoé-tique. Cette vision, permet, dans ce qui est répertorié comme Land Art, de distinguer les interventions témoignant de cette justesse qui doit quelque chose au minimalisme, à la mise en retrait de l’auteur (ici acteur plutôt qu’artiste), des interventions ou l’expression du moi (ici de l’artiste) s’installe à grande échelle dans la nature qui n’est que le réceptacle de l’œuvre. Dans le premier cas, le but est l’exaltation, la révélation, l’augmentation des qualités intrinsèques du lieu, qualités  déjà là que l’intervention est censée amplifier. Dans le second cas, le mot Land Art se justifie simplement par la sortie de l’œuvre des musées pour de plus grands espaces que nécessite la mégalomanie du plasticien.

À propos de minimalisme, d’une éthique (et esthétique) du minimum, on pense à Le Corbusier et à ce minimum vital qu’était son cabanon de Cap Martin et dans lequel “homme intègre, il habitait” (18); Dans ce minimum vital H.Van Lier voit une invitation à “la masse des mal logés à se satisfaire sans révolte d’un nombre de mètres carrés minimal, c’est la justification d’une carence”. Bien plus qu’un tel manifeste, et compte tenu de la personnalité de Le Corbusier, j’y verrais plutôt la manifestation de la parole de Holderlin “Plein de mérite, mais en poète, l’homme habite sur cette terre”.

Posons alors la cabane comme prémisses du bâtir, naissance de l’architecture.

L’habitation

Établissant une distinction entre les divers “modes du bâtir”, Heidegger distingue le bâtir “au sens d’aedificare” et un second sens, celui qu’il faut entendre dans la parole de Hölderlin “...l’homme habite en poète”. (19)
Ce sens d’aedificare n’épuise pas l’étendue des sens possibles, qui, nous dit le philosophe, “ne remplissent jamais entièrement l’être de l’habitation. Au contraire, ils ferment à l’habitation l’accès même de son être, dès lors qu’ils sont simplement recherchés et acquis pour eux même. Ce sont alors les mérites qui, justement par leur abondance, restreignent partout l’habitation dans les limites de la culture et de la construction”. Si ces “mérites”, sont “des conséquences essentielles de l’habitation, ils n’en sont pas la base, encore moins l’acte qui la fonde”.
Quelle est donc la base?

Habitation et poésie.

La parole de Holderlin permet à Heidegger de passer au plan de la poésie. Poésie dont il a pris la précaution d’écarter les sens qu’il ne retient pas pour ce mot : “nostalgie stérile, papillonnement dans l’irréel,...fuite dans un rêve sentimental”. Non, la poésie n’est pas cela. “Le poète (Holderlin) va au-devant de pareilles appréhensions en disant expressément qu’habiter en poète est habiter “sur cette terre”. Non seulement Holderlin met la “poésie à l’abri d’une erreur d’interprétation facile à commettre, mais en ajoutant les mots “sur cette terre”, il nous dirige proprement vers l’être de la poésie. Celle-ci ne survole pas la terre, elle ne la dépasse pas pour la quitter et planer au-dessus d’elle. C’est la poésie qui tout d’abord conduit l’homme sur terre, à la terre, et qui le conduit dans l’habitation”. (20)

Il fallait donner cette citation dans sa longueur, car cette acceptionlà de la poésie, cette sensibilité, nous place clairement dans les pas de Kenneth White, dans la poésie de la terre, la géopoétique.

Que se passe-t-il quand l’homme élève le regard vers les cieux ? “Le regard vers le haut mesure tout l’entre-deux du ciel et de la terre. Cet entre-deux est la mesure assignée à l’habitation de l’homme” (Heidegger).

Voilà qui situe bien la gravité fondamentale de cette composante de l’architecture qu’est l’habitation, d’une toute autre nature que l’opération de construction, et au-delà du phénomène d’englobement. 

Qu’est-ce que l’habitation ? Qu’est-ce qu’habiter ?

 “.....habiter, c’est-à-dire être sur terre”

Dans la première partie de son essai, “Qu’est-ce que l’habitation ?”, Heidegger met en évidence l’étroite relation entre être et habiter : “....la condition humaine réside dans l’habitation, au sens du séjour sur terre des mortels” (21) ou encore : “Habiter est la manière dont les mortels sont sur terre”. (22)

Il avait auparavant précisé : “que veut dire alors ich bin (je suis) ? Le vieux mot bauen auquel se rattache bin, nous répond : “je suis”, “tu es”, qui veulent dire : j’habite, tu habites. La façon dont tu es et dont je suis, la manière dont nous autres hommes sommes sur terre est le buan, l’habitation”. Nous mesurons par là qu’”être homme veut dire être sur terre comme mortel, c’est-à-dire habiter”.

Regardons alors la cabane comme manifestation première de l’habiter, l’habitation comme action, et non seulement comme logement. Heidegger marque toute la différence. Ayant signalé que “le mot du vieux-haut-allemand pour bâtir, buan signifie (aussi) habiter” il précise encore le sens du vieux mot “bauen (bâtir) à savoir habiter” : “Mais bauen, habiter, c’est-à-dire être sur terre…” 

“l’homme est pour autant qu’il habite”

L’édification d’une cabane est la première manifestation de cette volonté d’habiter, manifestation de l’être, une des manifestations les plus importantes et structurantes dans la vie de l’enfant. Car s’il est d’autres manifestations de l’être, comme la parole, le refus, celle-ci, la cabane est spectaculaire, elle est visible ; elle a une existence hors de l’individu lui-même, elle n’en est pas une production seulement sonore, éphémère, périssable, mais une création stable, matérialisée. C’est une projection de l’être vers le dehors, par le moyen d’un réarrangement des fragments de la nature, du lieu, que sont les troncs et branches, les pierres relevées sur le site. Elle manifeste une volonté extérieurement visible, un savoir-faire, une prise de possession du territoire par un arrangement d’objet qui, s’il ne tient pas nécessairement du projet (acte identifié, défini, descriptible avant sa mise en œuvre), relève au moins de la manifestation de son propre savoir-faire.

Voulant montrer que le fait d’habiter participe du “séjour parmi les choses”, Heidegger parle “d’accomplir l’habitation”, “Habiter… c’est toujours déjà séjourner parmi les choses”.

Si la caverne, la grotte, sont un lieu déjà constitué, déjà là, la cabane crée un lieu dès lors qu’elle est là. Et si l’on fait un parallèle avec les considérations de Heidegger sur les ponts (23), (le lieu n’existe pas avant l’édification du pont) on peut dire que de la même manière, “le lieu n’existe pas avant la cabane”.

Si la réalisation d’une cabane, outre qu’elle montre un savoir faire, est aussi l’acte de poser des limites (entre intérieur et extérieur, entre haut et bas), Heidegger fait ressortir que “la limite n’est pas ce où quelque chose cesse, mais bien, comme les Grecs l’avaient observé, ce à partir de quoi quelque chose commence à être”. Ce sont ces opéra-tions (pose de limites, expression d’un savoir faire et modelage de l’espace qui en résulte) qui font un lieu. “Il s’ensuit que les espaces reçoivent leur être des lieux et non de l’espace”.  Comme le pont jeté entre deux rives du fleuve détermine un lieu qui n’était pas là avant, c’est l’objet cabane qui fait un lieu, qui constitue un espace en lieu. La cabane, parce qu’elle va faire que maintenant, il y a un dessus, il y a une paroi entre deux portions d’espace, confère les qualités de lieu à ce qui n’était qu’un fragment d’espace.

Heidegger précise, “Les choses qui en tant que lieu “ménagent” une place, nous les appelons maintenant par anticipation des bâtiments”.

Le Quadriparti.

D’un point de vue anthropologique, nous dirons que la cabane contient tous les sens que l’homme place dans l’action  d’édification (bâtir) et dans celle d’habiter.

Un tel point de vue est implicite dans la phrase : “....la condition humaine réside dans l’habitation, au sens du séjour sur terre des mortels”.

Ceci est explicité de la manière suivante : “Mais “sur terre” déjà veut dire “sous le ciel”. L’un et l’autre signifient en outre “demeurer devant les divins” et impliquent “appartenant à la communauté des hommes”.
Les Quatre : la terre et le ciel, les divins et les mortels, forment un tout à partir d’une Unité  originelle”. C’est ce que Heidegger appelle le Quadriparti.

Ces choses que sont les lieux accordent une place au Quadriparti.
Les lieux constitués procèdent de cette quadruple nature. Ils sont peuplés par la terre, le ciel, les divins et les mortels. Heidegger dit qu’ils y sont admis.

“Ménager le quadriparti : sauver la terre, accueillir le ciel, attendre les divins, conduire les mortels, ce quadruple ménagement est l’être simple de l’habitation”. C’est là une façon de dire aussi le contenu anthropologique de toute architecture, de la cabane rustique à la maison savamment construite. Si nous voulons rassembler cela en une formule forte qui rappelle celle de Levi-Strauss, en substance : “il y a somme toute, assez peu de différence entre un chasseur du néolithique et un professeur au Collège de France”, nous dirons qu’il n’y a pas, de ce point de vue, de différence fondamentale entre la cabane et le Palais du Souverain.

Une conférence donnée par Kenneth White à l’École d’Architecture de Bordeaux en 1995 s’intitulait “Du palais des Doges à une isba en Sibérie”. Elle s’appuyait notamment sur les deux essais de Heidegger datant de 1951 et évoquées plus haut : “Bâtir, habiter, penser” et “L’homme habite en poète”.

De la relation du lieu et de l’homme. Cabane et géopoétique.

“Dans l’être de ces choses en tant que lieu réside le rapport du lieu et de l’espace, réside aussi la relation du lieu à l’homme qui s’arrête en lui”. (24)

Dans la conférence citée plus haut (25), Kenneth White concède faire à cette occasion dans le champ de l’architecture, ses “premiers pas dans le domaine”. Ce n’est donc pas dans un discours spécifique sur l’architecture, du moins pas encore, qu’il faudra chercher chez White une réponse claire à notre question du début de cet essai : qu’est-ce qu’une approche géopoé-tique de l’architecture ? La figure de la cabane nous paraît toutefois appropriée à l’exploration de cette question, soit en tentant de voir ce que White en dit, soit plus indirectement en questionnant cette figure par quelques aspects de son travail sur la géopoétique.

Dans cette même conférence, K.White dit : “Comme tout un chacun, j’ai eu ma période grotte, ma période caverne. Par la suite, il m’est arrivé, comme à tout enfant élevé dans un contexte où cela est possible, de faire de l’architecture rudimentaire, en construisant des huttes avec des branches dans la forêt, ou des cabanes avec des caisses à hareng sur le quai d’un port de pêche - par la suite, j’ai laissé la chose aux professionnels”.

Voilà un parcours qui n’est pas perçu comme exceptionnel, puisque “tout un chacun” semble l’avoir fait. Nous y retrouvons ces deux jalons, ces deux  archétypes  (un mot que White n’aime pas beaucoup), la caverne et la cabane. Il y a aussi dans cette phrase, la fin de ce parcours, qui intervient un jour, le jour où l’on laisse la chose aux professionnels et là meurt la poésie. Est-ce là la fin de l’initiation ? La fin de cette civilisation des cabanes qu’est l’enfance, l’enfance de ceux qui ont eu la chance, dans les talus, les chemins creux, dans les couverts d’une forêt, sur les quais d’un port où traînaient des caisses de harengs, de pouvoir arranger des branches, des planches, d’édifier, de construire, mais surtout d’habiter ? De commencer à véritablement habiter le monde, par ces constructions, qui, en même temps qu’elles étaient nôtres, plus qu’une initiation à la propriété dont nous ignorions tout, nous prolongeaient, nous représentaient à l’extérieur.

À l’extérieur c’est-à-dire dans le monde. Car la pire des atteintes qui pouvait nous affliger c’était de voir un matin une cabane détruite par une bande rivale. Cette destruction nous atteignait, comme elle aurait atteint un prolongement de notre personne. Une atteinte à notre empire sur le monde.

Mais ces cabanes, si nous les avions faites, si, parce qu’elles étaient nos premières vraies créations étaient une partie de nous même, elles laissaient le monde nous parvenir à travers l’épaisseur de leur structure. Leurs parois n’étaient pas étanches au monde. Le matériau même de ces parois procédait visiblement du règne végétal, emprunt direct et immédiat à la nature et au lieu, en même temps que, parce qu’il était arrangement, il procédait aussi d’une  culture constructive naissante, donc d’une rationalité. En même temps qu’elles étaient censées nous protéger, car elles étaient châteaux imprenables, elles étaient pénétrées par les embruns du large, pleines d’odeurs de hareng, ou de foin coupé, les résines odorantes des branches sectionnées nous coulaient dessus. Les coups de scie ou de couteaux, les entailles du bois libéraient une odeur. Ces citadelles imprenables ne nous séparaient pas des respirations du monde. Les béances dans l’assemblage maladroit des lattis n’avaient rien à voir avec le degré de protection qu’elles nous procuraient. Il arrivait même que les souffles du dehors, emportent ces architectures imparfaites, nous empêchant d’oublier, si toutefois cela avait été possible, l’étroite dépendance vis-à- vis des éléments.

Mais justement, était-ce là déjà des architectures ? C’était, avant la technique, avant les rudiments des sciences de la matière, une sorte de recherche pure, une exploration. C’était aussi une découverte de ses propres possibilités, comme apprendre à marcher ou à monter à vélo. Il n’y avait pas encore projet. Celui-ci naissait en faisant. C’était une expérimentation. Si une branche cassait, la seconde était choisie plus forte. On découvrait, on s’installait dans le monde, on commençait à habiter.

Tout cela ne durerait pas. Vingt ans plus tard en École d’Architecture, on se proclamerait  anarchitecte, trop amer de comprendre, de mesurer tout ce qu’on avait désappris. Désormais on calculerait, on ne prendrait plus la mesure de la poésie, mais on se courberait sur des instruments de mesure, plus tard sur des écrans. On était là pour régulariser (plier à une règle) nos rêves, géométriser leur forme.

Comme celle des Incas, la civilisation des cabanes était périssable.

Car nous étions alors dans la poésie, enveloppée par elle. Même si nous ne le savions pas. Même si l’École en ce temps-là nous avait égarés sur de fausses pistes. Quels efforts il faudrait, plus tard pour “restituer à ce mot fondamental qu’est le mot poésie toute sa force, toute sa potentialité d’inspiration et de rayonnement !” (26). La pensée se déployait dans l’espace. La pensée était spatiale comme jamais plus elle ne le serait.
La cabane était le médiateur vers cela. Pouvons-nous retrouver cette manière d’habiter le monde qui était celle des constructeurs de cabanes ? Ou devons nous nous contenter d’habiter un logement?
Heidegger s’interrogeait : “Un renversement de (notre) façon non poétique d’habiter nous atteindra-t-il et quand ? Nous ne pouvons l’espérer que si nous ne perdons pas de vue ce qui est poétique.”

Cette potentialité de la cabane à être ce moment privilégié dans l’habitation de l’homme pourrait sans doute se prolonger dans  la maison, certainement pas dans ce que nos sociétés appellent le logement, mot qui réduit l’habiter à une fonction bien délimitée. Dans une maison, l’homme habite la terre, le monde, le cosmos, c’est-à-dire est sur terre. Dans un logement, l’homme habite un logement.

Citons Kenneth White évoquant Bachelard (Poétique de l’espace) :
“Envers et contre tous, écrit Bachelard magnifiquement, la maison nous aide à dire : je serais un habitant du monde, malgré le monde”.

Peut-on dire que la cabane est la première, peut-être la seule œuvre d’art que l’enfant constructeur produira? Le contexte de sa fabrication est propice à cela par son côté ouvert, totalement ouvert, puisqu’avant les codes, avant le bon goût, avant l’auto-censure, avant la culture, l’asphyxiante culture (27) .

“Ce qui distingue le poème de l’objet utilitaire, du produit fini (y compris le produit fini esthétique), n’est-ce pas justement le fait qu’il ouvre plus sur le tout (ou sur le vide, cela revient au même) ? Ce n’est donc pas le fini, le parfait, qui distingue l’art, mais l’ouvert… On se met alors à rêver d’une architecture qui tout en étant solide et dense, serait ouverte sur le tout” (28).

“...c’est en termes de biologie, de cosmologie et de poétique que j’aimerais “discourir” plutôt qu’en terme anthropo-mythologiques” précisait encore Kenneth White dans un échange de correspondances.
Je crois que j’ai dû lui faire remarquer que je tenais quant à moi, dans cet  architexte qu’est toute architecture, à garder les contenus anthropo-mythologiques, car par eux passe aussi cette ouverture.

Reprendre le programme de l’architecture au moment de son développement représenté par la cabane, le continuer par la maison, et surtout pas par le logement dans le sens de l’empilement qu’on lui connaît de nos jours, peut certainement être une voie pour une approche géopoé-tique de l’architecture. Comme il le fait habituellement pour expliciter sa pensée, pour lui donner à la fois précision et ouverture, K. White s’appuie sur d’autres défricheurs de son espèce. Il rappelle des propos de Giacometti :

“Et qu’est-ce exactement essentiellement que la poésie ? C’est la “recherche d’unités”, c’est la “création d’une synthèse entre le monde extérieur et soi, soi et le monde extérieur recréé dans un troisième objet qui est une synthèse”. La création de telles synthèses sera toujours le fait de minorités, voire d’individus solitaires. Mais c’est une synthèse de plus en plus grande (“la synthèse qui contient le plus du monde extérieur et d’une cervelle, comme des synthèses des cervelles précédentes”) qui pourra peut-être transformer le cours général des choses”. De ce troisième objet, témoignage de la rencontre du monde extérieur et du moi, la cabane est la figure la plus claire. Peut-elle être réintroduite dans l’architecture?

Des courants de l’architecture contemporaine tentent de s’attaquer à cette question. Je vois ces possibles développements de la cabane dans la maison sur la dune de l’architecte J.Ph.Vassal, ou dans une réalisation très publiée, l’immeuble qui pousse, d’Édouard François (29) à Montpellier, ou encore dans les architectures nordiques de Sverre Fehn. “L’immeuble qui pousse” pourrait même être considéré comme la figure moderne de la cabane ou comment introduire une palombière dans son appartement.

La relation avec le lieu constitue le développement principal de ces réalisations. Comment se tisse cette relation n’est pas mystérieux et peut être analysé et précisé. Les procédures paysagères et architecturales peuvent être décrites. Les transparences ménageant des correspondances extérieur-intérieur, les choix de matériaux dont les textures et les vibrations s’impriment sur le paysage fait de bruyères, du tronc des pins, du métal de l’eau des lacs landais, des ciels atlantiques, toutes ces correspondances qui ne passent pas nécessairement par la voie du mimétisme peuvent s’apparenter aux moyens du land-art. Elles mettent en jeu la question du langage poétique, bien au-delà du seul langage plastique ou constructif qui n’en sont que certains des moyens.

Organiser l’analyse de ces projets et leur confrontation est une des suites de ce travail, une contribution à la compréhension de ce que pourrait être une démarche géopoétique pour le projet d’architecture.
Il y a là un chantier où se dessine un possible renouvellement de l’architecture contemporaine.


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(1) Kenneth White, Une stratégie paradoxale, Presses Universitaires de Bordeaux, 1998, p 147.
(2) M. Heidegger, “...l’homme habite en poète ”, Essais et conférences, Gallimard, Paris, 1958, p 2
(3) J-P.Loubes, “Architecture et Géopoétique ”, in  Géopoétique et Arts Plastiques, Textes réunis par
Franck Doriac et Kenneth White, Publication de l’Université de Provence, Aix en Provence 1999, p 131.
(4) Dom Sylvestre Honedard, cité par K White dans “Une stratégie paradoxale”, Presse Universitaire
de Bordeaux, 1998
(5) JP Loubes, Archi Troglo, Ed. Parenthèses, Marseille ; 1994, Maisons Creusées du Fleuve Jaune, Ed.
Créaphis, Paris, 1989 ;  Architecture et Urbanisme de Turfan, Ed. L’Harmattan, Paris, 1998.
(6) Cf par exemple Mircea Eliade qui nous montre que toute maison est une représentation, au sol, de
la cosmogonie. Mircéa Eliade, Le sacré et le profane.
(7) J-P.Loubes, “Espace et géopoétique ”, in Le monde Ouvert de Kenneth White, Presse Universitaires
de Bordeaux, 1995. Textes réunis par Michèle Duclos, p 117.
(8)  Georges Amar, “Du surréalisme à la géopoétique ”, Cahiers de géopoétique N°3, Genève, Éditions Zoé, 1992.
(9) Kenneth White, Une stratégie paradoxale, Presse Universitaire de Bordeaux, 1998, p 146.
(10) K. White op cit, p 109.
(11) K. White op cit, p 68
(12) K. White op cit, p 151
(13) K. White op cit, p 201
(14) H. Van Lier, “Architecture-L’espace architectural”, Encyclopaedia Universalis, 1980, p 298
(15)- Marc Antoine Laugier, Essai sur l’Architecture1755, Mardaga,
(16) H. Van Lier, op cit.p 298
(17) H Van Lier, op cit p 299
(18) R Martin, C. Heitz, “Architecte et société”, Encyclopaedia Universalis, 1980, p 321.
(19) M. Heidegger, “L’homme habite en poète”, Essais et conférences, Gallimard, Paris, 1958, p 230
(20) M Heidegger, op cit p 230
(21) M Heidegger, “Bâtir habiter penser, Essais et Conférences, Gallimard, Paris 1958, p 176
(22) M Heidegger, op cit, p 175
(23) M. Heidegger, op cit, p 176
(24) M. Heidegger, op cit, p. 184
(25) y (26) K. White, “Du Palais des Doges à une isba en Sibérie ”, Cahiers d’Architecture comparée N°2, École
(27) Jean Dubuffet, Asphyxiante culture, Les éditions de minuit, Paris, 1986.
(28) K White, op cit
(29) AMC-Le Moniteur architecture, N°108, Juin-Juillet 2000.


Marc-Antoine LAUGIER Frontispice de l’Essai sur l’architecture (fragment) de l’édition de 1755 “Ne perdons pas de vue notre petite cabane


BIBLIOGRAPHIE

AMAR G., 1992, “Du surréalisme à la géopoétique”, in Cahiers de géopoétique, N°3, Genève, Editions Zoé.
DUBUFET J., 1986, Asphyxiante culture, Les éditions de minuit, Paris.
ELIADE M., 1965, Le sacré et le profane, Gallimard.
HEIDEGGER M, 1958, Essais et conférences, Gallimard, Paris.
LOUBES J-P., 1999,”Architecture et géopoétique”, in Géopoétique et Arts Plastiques, Textes réunis
par Frank Doriac et Kenneth White, Publication de l’Université de Provence, Aix en Provence.
LOUBES J-P., 1995, Espace et géopoétique, in Le monde Ouvert de Kenneth White, Textes réunis par
Michèle Duclos, Presses Universitaires de Bordeaux, 1995.
LAUGIER M.A., 1979, Essai sur l’Architecture, Mardaga, Brussel.
WHITE K., 1998 Une stratégie paradoxale, Presses Universitaires de Bordeaux.
WHITE K., 1982, La figure du dehors, Grasset, Paris.
WHITE K., 1987, L’esprit nomade, Grasset, Paris


Campements, cabanes et cabanons 2000
Marc-Antoine LAUGIER
Frontispice de l’Essai sur l’architecture
(fragment) de l’édition de 1755
“Ne perdons pas de vue notre
petite cabane rustique"



http://atelierdechiqui.blogspot.com.es/


lunes, 19 de noviembre de 2012

La cabaña del bluesman Muddy Waters


Muddy Waters


El 4 de abril de 1913 nació en Rolling Fork (Mississippi) el guitarrista y cantante de blues McKinley Morganfield, más conocido como Muddy Waters. Electrificando los sonidos del blues rural de su niñez ayudó al nacimiento del Blues de Chicago y sus canciones influyeron notablemente en la explosión del blues británico de los años 60. Grupos como los Rolling Stones (que adoptan su nombre inspirándose en una de sus canciones), Led Zeppelin o Cream no habrían existido sin él.
Plantación de algodón en Clarksdale 

Muddy se crió rodeado de campos de algodón en Mississippi y, aunque su padre tocaba la guitarra, no tuvo la oportunidad de aprender de él. Tras la muerte temprana de su madre fue enviado junto a su abuela en Clarksdale. Su afición a jugar de pequeño en el barro seguramente le trajo el apodo de 'Muddy', al que él años más tarde añadiría Water, y luego Waters. Dejó la escuela muy pronto y con 13 años ya dominaba la armónica. Su abuela había comprado un fonógrafo y solo tenía algunos discos de canciones religiosas. Muddy, con los pocos ahorros que tenía de cargar sacos de algodón desde los 8 años y demás actividades de ayuda a los que faenaban en los campos, se fue comprando algunos discos de Blind Lemon Jefferson, Barbecue Bob, Blind Blake, el '44 Blues' de Roosevelt Sykes o el 'Vicksburg Blues' de Little Brother Montgomery.


Son House 
Tocaba con un amigo guitarrista en las fiestas a cambio de comida y propinas. Pero en el Delta del Mississippi, Muddy estaba rodeado de guitarras y guitarristas como Charley Patton y Son House, quienes inspiraron a Waters a decidirse por el instrumento de seis cuerdas. “Escuchar a Son House deslizar el bottleneck en su dedo sobre las cuerdas era tan bestial como un golpe en la cabeza. Mis ojos se iluminaron como un árbol de Navidad”. Tres años después compró su primera guitarra.

Alan Lomax 
Aprendió con rapidez y pronto se encontraba actuando en celebraciones locales. En 1932, cuando contrajo por primera vez matrimonio con Mabel Berry, es bien conocida la anécdota de que tocó durante la celebración y cómo, de lo salvaje del evento, se hundió el suelo de la cabaña donde se realizaba el festejo. En mayo de 1935 tenía 22 años y tuvo su primer hijo con Leola Spain, una mujer que le seguiría a Chicago y fue la única amiga que conservó durante toda su vida, a pesar de casarse con otras mujeres.

Al principio de los años cuarenta se unió a un grupo liderado por el cantante Big Joe Williams y el verano de 1941 el destino le llevó a conocer a Alan Lomax y John Work, dos estudiosos del folklore que provenían de la Biblioteca del Congreso que se encontraban en Clarksdale en busca del legendario guitarrista de blues Robert Johnson. Pero Johnson había muerto asesinado tres años antes y bajo recomendación de Son House no tardaron en descubrir a un aparcero de 26 años bien parecido y con cierto aire oriental que tocaba con un estilo increíblemente parecido al de Robert Johnson y que, a todas luces, se había inspirado directamente en sus discos. En aquella ocasión Muddy grabó 'I be's troubled' y 'Country Blues'.
Los temas causaron en los folkloristas la suficiente impresión como para volver dos años después a seguir grabando temas de Muddy. Éste recordaba para Rolling Stone: "Trajeron todos sus aparatos y me grabaron en mi propia casa. Cuando reprodujeron el primer tema que se grabó, ahí estaba yo sonando como en un disco. No te puedes imaginar lo que sentí cuando oí aquella voz y me di cuenta que era la mía. Unos días después recibí dos copias del disco impreso y un cheque por $28 y lo primero que hice fue poner el disco en un juke-box y escucharlo una y otra vez, mientras me decía 'puedo hacerlo, puedo hacerlo..."




Estas primeras experiencias de grabación le confirieron una gran confianza que, unida a su ambición le permitieron destacar en su región, donde por un tiempo regentó un 'juke joint', donde se jugaba, apostaba y en el que actuaba regularmente. En 1942 volvió a casarse pero harto y cansado de trabajar en la plantación por poco dinero, una calurosa tarde de mayo de 1943 se encaminó, solitario, a la estación de tren de Clarksdale y partió rumbo a Chicago cargado solo con un traje y una guitarra Silvertone.

Allí se adaptó rápidamente encontrando con facilidad apartamento y trabajo en una fábrica de papel. Big Bill Broonzy, veterano de la escena musical de Chicago, introdujo a Muddy en los círculos adecuados y poco después Waters ya estaba tocando con el guitarrista Jimmy Rogers en las fiestas privadas de la zona sur de la ciudad. En 1945 su tío le proporcionó su primera guitarra eléctrica, con la que podía hacerse oír por encima de los murmullos y el ruido de la gente. Un año después realizó algunas sesiones de grabación en Columbia para Mayo Williams, que no fueron publicadas en su día. Asimismo acompañó en 1947 al pianista Sunnyland Slim en una grabación para Aristocrat Records (posteriormente Chess Records), un nuevo sello regentado por los hermanos Leonard y Phil Chess.

La leyenda cuenta que Muddy, que en aquellos días trabajaba como camionero repartidor, pidió permiso a su jefe para tomarse el resto del día libre con la falsa excusa de que había recibido la noticia de que su hermano había sido hallado muerto a tiros en una cuneta. Esa tarde se grabaron los temas 'Gypsy Woman' y 'Little Anna Mae', que también fueron aparcados. A Leonard Chess no le gustaba ese sonido crudo del delta del Mississippi: "No entiendo una palabra de lo que canta", le comentaba a su socia Evelyn Aron, que sin embargo veía algo en él e insistía en publicar a Waters.

Little Walter 
En 1948 aparecieron 'I can't be satisfied' y 'I feel like going home', los cuales llegaron a ser grandes hits locales y afianzaron su fama en el circuito local de clubs. Poco después, Jimmy Rogers, Leroy Foster, Muddy y un jovencito de apenas 18 años llamado Marion Walter Jacobs se labraron la leyenda de los 'Headhunters', iban a otros clubs y retaban a un duelo musical a las bandas que tocaban, a ver quién era más duro y sonaba más fuerte. Es fácil suponer quien se llevaba el gato al agua. Sin lugar a dudas, la banda de Muddy Waters era la mejor banda de blues eléctrico en los años 50. Aprovechando el éxito que estaban teniendo realizaron una gira por el sur, y durante varias semanas estuvieron tocando diariamente en la emisora KFFA.


El inesperado éxito de 'I can't be satisfied' hizo reconsiderar a Leonard Chess su opinión sobre la música de Waters y organizó nuevas sesiones en las que se acompañó del bajista Big Crawford y grabaron una serie de clásicos como 'You're gonna miss me', 'Little Geneva' y 'Rollin' Stone'. En 1950 Aristocrat Records cambió de nombre y como Chess Records, aparecieron más temas que iniciaban la nueva corriente de country blues, como 'Louisiana Blues', 'Early Morning Blues', 'Sad Letter Blues' y 'Long Distance Call'. En éstos temas la armónica ya la tocó Little Walter, a quien Leonard Chess no había dejado hasta entonces participar en las sesiones de Muddy


La banda de Muddy Waters en 1950. Otis Spann al piano y Jimmy Rogers (dcha) a la guitarra 

En 1953 'Hoochie Coochie Man', compuesta por Willie Dixon, vendió 4.000 copias la primera semana, permaneciendo unas cuantas más en el Top 10 de las listas de R&B, y fue la segunda sesión de Waters en que tocó Otis Spann. Con su inclusión, vio cumplido su sueño de una big band de blues enraizada en los sonidos del Delta. Dos guitarras, piano, armónica y sección rítmica. 'I Just Want Make Love To You' también alcanzaría las listas permaneciendo más de 3 meses entre los 10 más vendidos.
Con Willie Dixon y Buddy Guy 

1954 vió como las ventas de discos descendían dramáticamente como consecuencia de la crisis económica, la competencia de la televisión a la radio y el nacimiento de un nuevo estilo, el Rock ‘n’ Roll. Aún consiguió cierto éxito con 'Mannish Boy' en 1956 y 'She’s Nineteen Years Old' en 1958, pero nunca a los niveles anteriores. Muddy recomendó a Chess que ficharan a Chuck Berry y Bo Diddley porque ya empezó a darse cuenta que las jóvenes generaciones de negros abandonaban el blues.

Muddy Waters y Little Walter en 1959 
En 1958 realizó un tour por el Reino Unido junto a Otis Spann. El público esperaba oir algo folk en la línea de Big Bill Broonzy y quedó completamente conmocionado del volumen de club de Chicago que empleó Waters. Esta gira significó una inversión de futuro para el desarrollo y reconocimiento del blues en Europa ya que a raíz de estos conciertos se gestaron bandas como The Animals con Eric Burdon y John Steel, Blues Incorporated de Alexis Corner, Eric Clapton pensó que podía aprender a tocar la guitarra al escuchar 'Honey Bee' y además fue el caldo de cultivo para la formación de The Rolling Stones. Su actuación en el Festival de Folk de Newport en 1960 tuvo un fuerte impacto en una nueva generación de jóvenes seguidores blancos, mientras Muddy veía con tristeza cómo su propia gente, los negros daban la espalda al blues.




A mediados de los sesenta, su figura, promocionada por los grupos que forman parte de la 'Invasión Británica', adquiere proporciones míticas. Chess reedita y rescata todas sus grabaciones de los años cincuenta y en 1968 graba, junto a Bo Diddley y Howlin' Wolf, el disco 'The Super Blues Band'.

En 1971 en un intento de acercar la música de Waters al mundo hippie, idea que surgió de Paul Butterfield y el productor Norman Dayron, se publica el doble LP 'Fathers and Sons', en el que, tras un par de experimentos fallidos producidos por el hijo de Leonard Chess, Marshall, en los que se intentó una fusión de jazz blues sicodélico ('Electric Mud' y 'After the Rain'), vuelve a sus raíces blues de siempre.

En 1972 vuelve a Inglaterra para grabar 'The London Muddy Waters Sessions' con Rory Gallagher, Steve Winwood, Rick Grech y Mitch Mitchell, pero la experiencia no resulta satisfactoria. "Estos chicos son músicos extraordinarios que podrían tocar con cualquiera, pero este no es mi sonido. Y si cambias el sonido cambias al hombre entero". En 1976, es una de las grandes estrellas del concierto de despedida de The Band, en el que interpreta 'Mannish Boy' acompañado por Paul Butterfiled a la armónica. Este había creado años antes una de las primeras bandas de blues integradas por blancos y negros.

James Cotton, Johnny Winter y Waters 
En 1977 su carrera pareció despuntar de nuevo cuando Johnny Winter se convirtió en su manager y convenció a su sello Blue Sky para firmar un contrato con Waters. Realizó giras junto a él y Winter le produjo cuatro álbumes que rememoraban su sonido de veinte años atrás: 'Hard Again' (1977), 'I'm Ready' (1978), ambos ganadores de un Grammy, el directo 'Muddy Mississippi Waters' (1979) y 'King Bee' (1981), su última publicación.

Cuando Waters murió repentinamente de un ataque al corazón el 30 de abril de 1983, una era del blues se cerró para siempre. B.B.King dijo después de conocer la noticia: “Pasarán muchos años antes de que la mayoría de la gente se dé cuenta de lo mucho que contribuyó Muddy en la música americana.”


Young Muddy Waters playing guitar at his cabin
Muddy Waters with Son Sims at the time of the Lomax recordings.
Photo credit: Middle Tennessee University John Work Collection. 

Muddy Waters' cabin
Muddy Waters' cabin


The remains of the cabin from Stovall Farms where Muddy Waters lived during his days as a sharecropper and tractor driver are displayed in the gallery. Musicologist Alan Lomax recorded Muddy on the front porch of this shack for the Library of Congress in 1941. Best known for electrifying the blues in Chicago, Muddy is represented by posters, photographs, and a life-size wax statue, displayed along with one of his electric guitars and ZZ Top’s "Muddywood" guitar, crafted from one of the cabin’s timbers.


muddywaterscabin.jpg
The Cabin Muddy Waters Lived in As A Boy
Exterior of the Muddy Waters cabin. Image courtesy of the Delta Blues Museum 

The Home of Muddy Waters
via The Washington Times - Communities




Cadillac Records Pt. 1 from HxChris on Vimeo.


Cadillac Records Pt. 2 from HxChris on Vimeo.



http://culturespill.com/?tag=muddy-waters
http://www.deltabluesmuseum.org/muddycabin.asp
http://efemeridesdelamusica.blogspot.com.es/2012/04/muddy-waters.html