El tema central de este Blog es LA FILOSOFÍA DE LA CABAÑA y/o EL REGRESO A LA NATURALEZA o sobre la construcción de un "paradiso perduto" y encontrar un lugar en él. La experiencia de la quietud silenciosa en la contemplación y la conexión entre el corazón y la tierra. La cabaña como objeto y método de pensamiento. Una cabaña para aprender a vivir de nuevo, y como ejemplo de que otras maneras de vivir son posibles sobre la tierra.

lunes, 12 de noviembre de 2012

La cabaña: refugio narrativo del deseo


Portrait de Claudie Hunzinger par Françoise Saur © Françoise Saur
Claudie Hunzinger
© Françoise Saur


Lieux d’écrivains : Bambois, là où l’on voyage sans bouger
L’Alsace, par Jacques Lindecke



Avec Francis, son compagnon de toujours, Claudie Hunzinger a construit un lieu magique et une œuvre fascinante. Ou comment faire de chaque difficulté une joie.

Bambois. Un bout du monde au-dessus de Lapoutroie. Un corps de ferme, un abreuvoir, un étang, des ânes, du linge qui sèche sur l’herbe, une boîte aux lettres (oui, le facteur vient chaque jour jusqu’ici). Et la pente, partout. Claudie et Francis Hunzinger apprivoisent ce lieu frontière entre la nature et les hommes depuis près d’un demi-siècle. « Ce lieu, Francis a tout de suite vu qu’il était beau, se souvient Claudie. Moi, je le trouvais fonctionnel : que des prés, pas de haies, pas d’arbres. » Depuis, des arbres ont grandi. Trop : « Nous ne cessons de lutter contre la forêt. C’est un combat contre la nature qui est devenu un combat avec la nature, car tu apprends à gérer sa force. »

Qu’est-ce qui a bien pu pousser le jeune couple à s’aventurer là-haut ? Il y avait l’époque, ces années d’insouciance, de libération, ces films qu’on allait voir, L’Avventura, Jules et Jim. Il y avait Francis qui « voulait une vie de poète, contemplative ». En plein exode rural, c’est donc l’installation à Bambois en 1965. Claudie enseigne au lycée Bartholdi de Colmar et fait presque chaque jour l’aller-retour avec sa montagne. Leurs conditions de vie sont rudimentaires, « mais ce n’était pas le camping, c’était plus exposé. Il fallait travailler, faire les foins, dégager la neige, alors que nous étions de grands enfants. On ne l’aurait jamais fait si nous avions été plus prévoyants. On faisait la paire, Francis et moi, on a toujours privilégié l’inutile. » Il y avait la fatigue, et sa récompense : « Quand l’hiver avait été horrible, ça signifiait pour nous qu’il avait été d’autant plus magnifique. »

Claudie Hunzinger : « Fonctionner au désir, jamais au regret. »
Claudie Hunzinger : « Fonctionner au désir, jamais au regret. »


Les enfants naissent, Chloé en 1966, Robin en 1969 (qui s’est à son tour installé en couple à Bambois). Il faut faire face à de nouvelles contraintes. « Nous n’avions ni chasse-neige, ni 4x4, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans ma famille. Nous n’avions rien prévu. » Claudie démissionne de l’Éducation nationale en 1972.

Bambois va devenir au fil des années le creuset de l’imaginaire des Hunzinger. Claudie va transformer l’herbe en verbe. Elle, ce qu’elle veut, c’est donner un nom à tout ce qui l’entoure et créer un nouveau langage en jouant de l’opposition sauvage/nature qui la passionne. « Ce lieu, dit-elle, m’a permis la découverte de mondes différents. J’y ai trouvé la possibilité de voyage, d’exploration en tous sens, sans bouger. »

Aujourd’hui, Claudie se partage entre son travail d’artiste, ses « pages d’herbe » et l’écriture. Elle avait publié Les Enfants Grimm, un récit, à la fin des années 80. Puis plus rien. « J’avais abandonné, je pensais que je n’y arriverais plus jamais. » Jusqu’à ce que Robin lui demande de créer la voix off du documentaire qu’il préparait autour de la vie d’Emma et de Thérèse, qui tentèrent dans les années 30 et 40 de construire une existence engagée et amoureuse. Emma était la grand-mère de Robin, la mère de Claudie. « J’écrivais un tombeau pour ces deux femmes, il était hors de question que je les laisse. » Cette nécessité devient alors un roman, Elles vivaient d’espoir (qui sort en poche, chez J’ai lu, le 5 septembre). Le nouveau, La Survivance, paraît le 3 septembre prochain. Un livre en guise d’ « exercice de détachement » de Bambois. Pour échapper à la terrible question : que va devenir ce lieu quand je ne serai plus là ? Transmettre avant de tout laisser. Pour, encore une fois, « fonctionner au désir, jamais au regret ».

Portrait de Claudie Hunzinger par Françoise Saur © Françoise Saur
Claudie Hunzinger
© Françoise Saur

A la lisière de la soixantaine, un couple -deux ex-libraires- se métamorphose en Robinson Crusoé dans une habitation en ruines, à 1000 mètres d'altitude dans les Vosges. Il réapprend à vivre à minima. Chronique d'un monde qui meurt et d'un monde qui vient, ce roman d'amour charnel de la nature devrait élargir le public des lecteurs déjà conquis par le premier roman de l'écrivain, "Elles vivaient d'amour".

C'est d'abord l'histoire d'un échec, celui de libraires qui doivent mettre la clé sous la porte, à l'orée de la soixantaine. Ils décident de retourner dans une masure abandonnée, "La Survivance", où ils avaient vécu un été, à vingt ans, dans le massif vosgien. Ils apprennent à vivre de pêche et de cueillette, à créer leur énergie, à prendre l'eau à la source.
Alors que tout bruit alentour - révolutions arabes, catastrophe nucléaire au Japon (nous sommes, donc, aux premiers mois de l'année 2011) - un homme et surtout une femme, la narratrice, réinterrogent leur génération, celle du "peace and love"et de la jeunesse joyeuse des seventies qui sut jeter aux orties d'inutiles conventions, mais pas toujours préparer l'avenir.
"Si l'on volait autrefois des livres, cela signalait des temps heureux"

Ils réinterrogent leur métier menacé de libraire qu'ils ont dû abandonner, faute de clientèle. "Nous avions commencé avec quelque chose de tout-petit et qui l'était resté un long moment, une librairie d'occasion", devenue plus petite "jusqu'à disparaître, ce qui était une tendance. Beaucoup de librairies en ville mouraient, dévorées par les libraires en ligne".

Pire encore et "signe de cette déréliction": si l'on volait autrefois des livres, cela "signalait tout simplement des temps heureux car aujourd'hui, m'a dit un libraire, écoeuré, on ne nous vole même plus de livres".

"La littérature ou la vie ?" 

Ils réinterrogent leur vie au tamis d'une interrogation neuve et ancienne : de quoi a-t-on besoin sur une planète où les ressources se raréfient, où les espèces sont désormais menacées par des prédateurs "analphabètes", des chasseurs "qui ne savent 'même plus lire l'âge d'un cerf", l'abattant à "sept ans, juste adulte ?"
Les cerfs dont les bois, la vivacité, les brames, "les dix-huit postures d'alarme", inspirent les plus belles pages d'un livre qui est moins un guide de survie que d'union au monde.

Ils - mais surtout elle, la narratrice, confrontée aux tiques, à la rage des mulots massacrant son potager, aux orages ravinant les alentours de son toit précaire, se demandent alors: "la littérature ou la vie ?" "Je me suis répondu la vie." Car "si nous voulions nous en sortir, il fallait sortir de nous. Plonger direct dans les sensations, dans la peur, dans la joie, être aux aguets, se transformer en une boule de présence au monde prête à jaillir".

Dans cette fiction parsemée de références littéraires, comme autant de petits cailloux qui aident à vivre, Claudie Hunziger évoque ce conte "lu chez Vila-Matas, qui l'avait lu chez Walter Benjamin, qui l'avait lu chez Jean Paul": "Pour se procurer les livres qui lui manquaient, le petit maître d'école Wuz les écrivait lui-même. "

Comme lui, elle a écrit le livre qui lui manquait et nous manquait. Les lecteurs qui avaient déjà aimé le premier roman de l'auteure ("Elles vivaient d'espoir") devraient adhérer à nouveau à cette langue précise et cet amour communicatif d'une nature vivante.

"La Survivance" de Claudie Hunzinger (Grasset)
(http://www.francetv.fr/culturebox/rentree-litteraire-la-s...)



La Survivance

La Survivance
Claudie Hunzinger
Grasset, 2012



Quarante ans plus tôt, Jenny et Sils ont acquis une vieille bâtisse dans les Vosges, n'y passant que quelques mois. Mais maintenant, à l'approche de la soixantaine, ils doivent fermer leur librairie, et se replient dans cette maison sans eau ni électricité, avec trou dans le toit, accompagnés de chien, volaille et âne. Sans oublier des caisses de livres...

"C'était la montagne, et c'était toujours autrement, un jour l'Ecosse, un jour la Transylvanie. Presque jamais les Vosges, ce qui nous plaisait assez, étant dans l'âme de grands voyageurs. Il arrivait ainsi qu'à l'horizon, de gros nuages jaune vif et jaune d'or, gris argent, ou roses, et même vermillon brillant, du cinabre d’après Sils, des nuages immenses, s'élèvent à toute allure jusqu'à nous surplomber de dix mille mètres, pareils à des sommets enneigés. On était transportés dans l'Himalaya, à la Grande Lamasserie. Et aussi, il arrivait, selon les apparitions nuageuses, qu'on se réveille dans une peinture de lettré chinois, au seuil de notre minuscule abri coiffé d'un pin sylvestre, la brume noyant le monde à nos pieds. Et aussi qu'on se retrouve dans le Montana pas loin de Jim Harrison. Il arrivait encore que se forme dans le ciel une sorte de champignon d'un gris maléfique, boursouflé, délirant, là-bas du côté de Fessenheim."
Jenny s'échine dans le jardin, Sils se passionne pour les pigments utilisés par Grünewald dans ses tableaux (en particulier son retable). Les deux lisent, discutent, bricolent. Prennent le temps mais le futur n'est pas assuré.

"En fait, nous étions façonnés de lectures et de rêves (et d'expériences plus poétiques que stratégiques), ce qui pouvait ne pas sembler malin alors que les temps nous demandaient de nous montrer dynamiques, électroniques, immédiats et vifs, hypermodernes, ne sachant même plus ce qu'était un roman."
Ils partagent cette forêt avec un troupeau de cerfs, que Jenny  observe avec respect, fascinée. D'où de nombreuses pages à la Sue Hubbell, vraiment pleines de beauté.





Deux jeunes provinciales, Emma et Thérèse, étudiantes puis professeurs dans les années 30, tentent de construire une vie commune à la fois engagée et amoureuse. L’été 35 elles font « le voyage en URSS » et songent à adopter un enfant. Leur émancipation va se transformer en apprentissage douloureux, puis en épreuve du feu.

À leur rupture, en 1940, Emma, mariée, vit dans une Alsace annexée par l’Allemagne nazie. Thérèse s’engage et joue un rôle important dans la Résistance, en Bretagne. Arrêtée par la Gestapo, elle meurt sous la torture en 43. Elle n’a pas parlé.

A partir de correspondance, de documents et d’archives des années 30 et 40, le réalisateur (petit fils d’Emma) rassemble les morceaux brisés de ces deux vies et montre le destin de ces deux femmes en le replaçant dans le contexte historique de l’entre-deux guerres, puis de l’Occupation en France. (...)



http://www.claudie-hunzinger.com/
http://www.bambois.com/spip.php?article15
http://www.lexpress.fr/culture/livre/la-survivance_1155975.html
http://enlisantenvoyageant.blogspot.com.es/2012_10_01_archive.html
http://www.francetv.fr/culturebox/rentree-litteraire-la-survivance-un-robinson-crusoe-du-xxie-siecle-112425

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